Travelling Avant

13 juillet 2009

Fantasia : suggestions de la semaine

Filed under: Fantasia 2009 — Marc-André @ 18:00
The Clone Returns Home

The Clone Returns Home

Le premier week-end festivalier est déjà terminé, et il m’a laissé tout ébaubi, plus particulièrement en ce qui a trait à deux inoubliables pépites cinématiques qui oscillent en permanence dans ma mémoire rétinienne : Love Exposure et White Lightnin’. La contamination est déjà amorcée, et mon cerveau s’en réjouit.

Et ce n’est qu’un début! Fantasia se poursuit tout au long de la semaine, avec plusieurs projections à inscrire à votre agenda cinéphile d’ici vendredi. Après avoir consulté ma boule de cristal, des feuilles de thé ébouillantées, un shaman dont je ne vous dévoilerai l’identité sous aucun prétexte, 4 368 sites Internet et mon pif cinéphile, voici livrées devant vous, avec une modestie qui n’exclut pas une totale exubérance, mes suggestions pour les prochains jours :

Lundi, 13 juillet : d’abord un détour du côté d’un certain Nicolai Gogol, dont une des nouvelles est revisitée sous trois angles différents dans le drame horrifique sud-coréen Evil Spirit: Viy (de Sève, 19 heures); puis, une dose concentrée de cinéma indépendant américain du troisième type avec The Immaculate Conception of Little Dizzle (oui, c’est le titre), où de jeunes hommes ayant développé une dépendance à de mystérieux biscuits addictifs deviennent enceintes de… de… de créatures aquatiques bleues (oui, c’est le synopsis). Une seule représentation de cette comédie qui s’annonce bien étrange, 22 heures au Théâtre Hall.

Mardi, 14 juillet : un doublé nippon s’impose, avec deux des films japonais les plus attendus : The Clone Returns Home, une science-fiction contemplative à réminiscences tarkovskiennes et couverte d’éloges (déjà complet à 21 h 30; on peut se reprendre à 13 heures, ou le mercredi 15 juillet à 17 heures); et Instant Swamp (joli titre), le petit dernier de Satoshi Adrift in Tokyo Miki. Deux films à ne pas manquer.

Mercredi 15 juillet : l’horreur viscérale en provenance de l’Hexagone a la cote depuis quelques années, et on sera curieux de découvrir où se situe Mutants parmi les oeuvres marquantes de ce filon (en première nord-américaine, Théâtre Hall, 19 heures). Mais le rendez-vous de la journée est très certainement celui de DJ XL5, avec son Razzle Dazzle Zappin’ Party. Courts métrages hilarants, hystérie collective et fortes doses de bonheur puéril en perspective (Théâtre Hall, 21 h 30 – arrivez tôt!)

Jeudi 16 juillet : The Warlords, une production épique qui réunit le triumvirat hongkongais de Jet Li, Andy Lau et Takeshi Kaneshiro, affiche déjà complet (Théâtre Hall, 19 heures). Faute d’avoir son billet, on pourra aussi choisir Blood River, un thriller dont on dit beaucoup de bien (salle de Sève, 20 heures; voir la critique sur Twitch). Et on enchaîne avec Terribly Happy, un film danois dans la lignée des frères Coen, et accompagné d’un documentaire intitulé Diary of a Times Square Thief (de Sève, 22 heures).

Il y a évidemment plusieurs autres films au menu. À vous de jouer!

Fantasia 2009 : White Lightnin’

Filed under: Cinéma anglais, Fantasia 2009 — Marc-André @ 07:58
White Lightnin

White Lightnin'

La vie tumultueuse et incandescente de Jesco White, l’un des sympathiques membres de la famille hillbilly présentée dans le documentaire The Wild and Wonderful Whites of West Virginia, également projeté à Fantasia cette année, sert de cocktail molotov narratif à White Lightnin’, une fulgurance filmique qui laisse au bord de la transe.

De sa jeunesse trempée dans les effluves d’essence, qu’il aspire de manière obsessionnelle, en passant par des séjours à l’école de réforme et en institution psychiatrique, jusqu’à sa vie adulte marquée par des épisodes psychotiques d’une intensité effrayante, ce film haletant et halluciné suit les traces de Jesco White, interprété avec le feu dans les yeux et de magnifique façon par Edward Hogg. Le récit de ses frasques inénarrables et la description des démons intérieurs qui le rongent, évoqués avec une incroyable justesse, propulsent ce premier film dans la galaxie des oeuvres d’exception.

Mise en scène nerveuse, foudroyante et épileptique, dialogues inspirés, trame sonore démentielle, impeccable direction d’acteurs et de nombreux moments du pure démence cinématique, en particulier dans un dernier acte apocalyptique : aucun doute, White Lightnin’ est une grande découverte et une oeuvre qui restera gravée en mémoire. À attraper d’urgence, ce lundi 13 juillet, à 17 heures, à la salle J. A. de Sève.

Fantasia 2009 : Love Exposure

Filed under: Cinéma japonais, Fantasia 2009 — Marc-André @ 00:51
Love Exposure

Love Exposure

Foudroiement. Jubilation. Illumination.

Le festival bat son plein depuis à peine trois jours, et l’on tient sans doute déjà sa pièce maîtresse.

On nous avait promis l’un des meilleurs films de l’année, sinon le plus grand, rien de moins. Mitch Davis, jamais à court de superlatifs, nous avait même annoncé que nous allions entrevoir Dieu. Ce n’est pas une mince affaire. Et ma foi, il avait raison. Love Exposure est effectivement immense, transcendant et exceptionnel. Croyez tout ce que vous avez pu entendre de bien à propos de ce film qui ne ressemble à aucun autre, nous sommes devant une véritable bombe cinématographique.

Avec ce film-fleuve incomparable et magistral, Sion Sono a rassemblé toutes ses obsessions filmiques – familles dysfonctionnelles, spiritualité tourmentée, fanatisme religieux et sectarisme, amours passionnées et blessées, cruauté, perversion, voyeurisme, j’en passe et j’en oublie – pour réaliser un film possédé, furieux et bouleversant, d’une durée de quatre heures. Oui, quatre heures. 237 minutes présentées sans interruption ni intermission, où l’on demeure rivé à son siège, ébahi, ravi, conquis, subjugué.

Combien de cinéastes pourraient tenir les spectateurs totalement captivés devant un projet aussi démesuré? C’est ce que Sion Sono parvient à accomplir avec cette oeuvre à fleur de peau, composée de nombreux moments de pure anthologie – dont une première heure absolument grandiose, inoubliable – et des performances renversantes de la part de l’ensemble des acteurs. Le cinéaste ne ménage aucun effet : on rit à gorge déployée, avant d’être touché par d’intenses moments dramatiques, pour être immédiatement après secoué par des scènes chocs et grandguignolesques. On savait le cinéaste doué pour la narration et les touches de folie filmique, et il se surpasse à tous les niveaux, gagnant en humanité, en profondeur, en souffle et en pertinence.

Love Exposure est une leçon de cinéma, qui nous rappelle avec émotion pourquoi on est devenu cinéphile. C’est devant des films aussi grands, aussi singuliers, aussi forts et aussi marquants, que l’on se forge une passion pour le septième art. Tenez-vous le pour dit : ce sera très, très, très difficile de trouver un film qui surclassera ce cataclysme démentiel d’émotions cette année.

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