Travelling Avant

14 septembre 2009

FNC 2008 : The Good, The Bad, The Weird

Filed under: Action, Cinéma sud-coréen, Festival du nouveau cinéma 2008, Western — Marc-André @ 23:18
The Good, The Bad, The Weird

The Good, The Bad, The Weird

Décidément, le western est un plat cinématographique d’une grande polyvalence. Pour preuve : après avoir été longtemps cuisiné en sauce spaghetti, voici que déferlent les variantes orientales. Takashi Miike l’a apprêté en une délicieuse fondue nipponne complètement fêlée de la marmite dans Sukiyaki Western Django, mais Kim Ji-woon ne s’en laisse pas imposer pour autant. Le talentueux cinéaste sud-coréen nous sert sa propre recette : un buffet de kimchi royal intitulé The Good, The Bad, The Weird.

Transportons-nous à bord d’un train – convention du genre oblige – quelque part en Mandchourie, dans les années 30. Deux individus – le héros (Jung Woo-sung, aperçu dans Musa The Warrior) et le vilain (Lee Byung-hun, propulsé au firmament des acteurs du moment avec A Bittersweet Life) du titre – tentent de mettre la main sur un article fort convoité (ah, ce bon vieux MacGuffin). Mais le butin est subtilisé par un troisième larron, gredin cabotin doublé d’un zigoto dégénéré (l’unique Song Kang-ho, inénarrable comme toujours) qui se retrouve bientôt pourchassé par les deux autres, mais aussi, accessoirement, par l’armée japonaise, sans oublier des hordes de bandits chinois et russes qui sont aussi à ses trousses. La délirante cavalcade qui s’ensuit multipliera les coups de feu, les cascades, les poursuites et les confrontations, en un furieux bouillon de testostérone qui ne semble avoir conservé qu’un concentré hystérique de la mythologie propre au genre.

Un trio d’acteurs de premier ordre, un cinéaste qui ne compte aucune fausse note à son impressionnante feuille de route – The Quiet Family, The Foul King, A Tale of Two Sisters et A Bittersweet Life, c’est ce qu’on appelle une filmographie exemplaire – et qui en rajoute dans les prouesses de mise en scène, des paysages splendides, une direction artistique époustouflante, une enfilade ininterrompue de scènes d’action à l’emporte pièce : nul doute possible, The Good, The Bad, The Weird assume pleinement sa dimension spectaculaire et son statut de blockbuster branché et disjoncté. Le film en jette plein la vue au spectateur, projeté dans une chevauchée épileptique qui comptera bien peu de temps morts tout au long de ses 135 minutes de pure frénésie guerrière mâtinée de touches d’humour saugrenues.

Sur le plan technique, il s’agit certainement du plus grand accomplissement du réalisateur. Kim atteint des sommets de virtuosité lors de plusieurs séquences impressionnantes. En revanche, The Good, The Bad, The Weird est sans doute son film le plus superficiel, tant il loge clairement et quasi uniquement à l’enseigne du blockbuster, certes brillant et soigné, mais qui ne cherche qu’à épater son public au moyen de ses prouesses visuelles et du panache de ses séquences d’action, bien sûr rehaussées de quelques savoureuses références aux oeuvres phares du western.

Cet aspect pourra constituer une déception pour les inconditionnels du cinéaste, après les sommets atteints dans ses deux films précédents, les remarquables A Tale of Two Sisters et A Bittersweet Life. N’oublions pas, toutefois, que Kim Ji-woon est le cinéaste protéiforme et caméléon par excellence, capable de passer de la comédie au cinéma d’épouvante, en passant par le film noir et le film d’action pur beurre. Aussi, ne boudons pas notre plaisir devant cette virevoltante démonstration de savoir faire, tout en souhaitant que le déferlement ludique laisse ensuite place à une oeuvre plus riche et substantielle.

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