Travelling Avant

26 octobre 2006

FNC 2006 : Offside

Filed under: Cinéma iranien, Festival du nouveau cinéma 2006 — Marc-André @ 20:16
Offside

Offside

Fin observateur de la société iranienne, Jafar Panahi poursuit la radioscopie courageuse de son pays en un utilisant un événement – ici, la coupe du monde de soccer – pour mieux en explorer les travers et les contradictions révélatrices.

En continuité avec la démarche amorcée avec  Le Cercle, mais sur une note moins grave, presque moqueuse, Panahi brouille davantage les frontières entre la fiction et le réel avec Offside. Pour ce faire, il se sert avec une grande justesse du prétexte documentaire afin de mettre en lumière et dénoncer l’injustice du sort réservé aux femmes iraniennes, ici révélé plus particulièrement par l’interdiction de participer aux rassemblements sportifs. Fidèle à son approche hyperréaliste, le cinéaste présente les péripéties de quelques jeunes filles qui, le temps d’une journée, se déguisent en hommes et tentent de s’infiltrer par tous les moyens possibles dans un stade de Téhéran, afin d’assister à un match de la coupe mondiale de soccer. Bien sûr, leur entreprise téméraire sera parsemée d’obstacles.

Le film est tourné avec des acteurs non professionnels, dans un état de fébrilité et d’agitation qui accentue l’authenticité du portrait. Jafar Panahi exploite à merveille le potentiel narratif de cette situation absurde, sans insister sur l’aspect dénonciateur du sujet – ici, la situation, ridicule en elle-même, est abordée sous l’angle du réalisme, davantage que celui du dramatique et du tragique. Le film pourra ainsi être considéré comme une oeuvre mineure et légère, lorsque comparée avec la noirceur et la gravité bouleversante de ses films précédents.

Offside confirme pourtant la pertinence du regard du cinéaste, en parfaite continuité avec le style réaliste du cinéma iranien contemporain. Le film offre en outre d’admirables personnages de jeunes femmes défiant la loi et l’autorité, et dont on admire le culot. Celles-ci, fort éloignées de la représentation soumise et effacée qui est véhiculée par les médias occidentaux, se révèlent de véritables passionnées de soccer qui, loin d’être intimidées lorsqu’elles sont interceptées par les officiers en place, font preuve d’une détermination confondante. Leurs conversations avec des soldats, stupéfiantes d’authenticité, sont l’occasion pour Panahi d’esquisser une fine analyse des rapports sociaux entre hommes et femmes.

Fort d’une apparente légèreté qui n’exclut pas la rigueur, Offside est très certainement un autre fascinant exemple de la pertinence et de l’acuité du regard du cinéma iranien actuel.

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