Travelling Avant

9 novembre 2009

« Panique au village » en ouverture des 8e Sommets du cinéma d’animation de Montréal

Filed under: Animation, Cinémathèque québécoise — Marc-André @ 18:24
Panique au village

Panique au village

Je me fais rare en ces contrées et je m’en excuse – un blitz d’études et de travail accapare tout mon temps depuis la fin du Festival du nouveau cinéma, pour lequel je compte toujours rédiger un bilan de parcours festivalier, d’ici cette fin de semaine si les circonstances sont propices à une parenthèse rédactionnelle furtive. C’est à voir.

Mais d’ici là, je m’empresse de colporter une réjouissante nouvelle : les 8e Sommets du cinéma d’animation de Montréal, qui auront lieu du 3 au 6 décembre 2009 à la Cinémathèque québécoise, présenteront Panique au village. L’ovni hilarant avec figurines animées et humour bien frappé, oeuvre du tandem belge de Vincent Patar et Stéphane Aubier, sera le film d’ouverture, le jeudi 3 décembre. Joie, jubilation et anticipation décuplées!

Voilà qui laisse entrevoir une excellente édition, d’ailleurs augmentée d’une journée cette année. Le reste de la programmation sera dévoilé prochainement. Pour plus de détails, consultez la page Facebook de l’événement.

Et pour avoir une idée de la joyeuse randonnée que promet Panique au village, consultez le site officiel du film.

20 octobre 2009

Don Hertzfeldt à la Cinémathèque québécoise

Filed under: Animation, Cinémathèque québécoise — Marc-André @ 12:38
An evening with Don Hertzfeldt - Image tirée du site de la Cinémathèque québécoise

An evening with Don Hertzfeldt - Image tirée du site de la Cinémathèque québécoise

J’en suis encore à reprendre mes esprits et mon souffle à la suite de l’excellent parcours marathonien du Festival du nouveau cinéma – sur lequel je reviendrai très prochainement – mais je ne saurais passer sous silence la présentation du programme intitulé An evening with Don Hertzfeldt, proposé par la Cinémathèque québécoise.

Don Hertzfeldt est l’une des voix les plus singulières de l’animation contemporaine. Iconoclaste et cinglant, son univers tout en minimalisme se situe à contre-courant de tout un pan de la production animée actuelle, et ses petits films féroces valent vraiment le détour. La Cinémathèque présente une rétrospective de ses courts métrages, qui sont au nombre de six : Billy’s Balloon, Everything Will Be OK, Intermission in the Third Dimension, The Meaning of Life, le légendaire et totalement hilarant Rejected ainsi que son plus récent film, I Am So Proud of You. Hertzfeldt sera présent pour l’occasion, et il répondra aux questions du public. Il sera également possible de se procurer des DVD autographiés de ses oeuvres.

Une seule représentation à ne pas manquer, ce mardi 20 octobre 2009, à 18 h 30, à la Cinémathèque québécoise.

Pour plus de détails, consultez l’excellent texte de Marco de Blois, organisateur de la soirée, ainsi que le site Web de Bitter Films.

Billy’s Balloon 20 octobre, 18 h 30
Everything will Be OK 20 octobre, 18 h 30
I Am So Proud of You 20 octobre, 18 h 30
Intermission in the Third Dimension 20 octobre, 18 h 30
The Meaning of Life 20 octobre, 18 h 30
Rejected 20 octobre, 18 h 30

27 septembre 2009

FNC 2009 : festin animé

Filed under: Animation, Festival du nouveau cinéma 2009 — Marc-André @ 14:05
Metropia

Metropia

Les amateurs d’animation ont de quoi se réjouir en parcourant la programmation de la 38e édition du Festival du nouveau cinéma. Un animé japonais atypique, un film de stop motion australienne de haute tenue, le retour d’un grand maître tchèque et une science-fiction kafkaïenne suédoise sont au rendez-vous : quatre longs métrages incontournables à ajouter séance tenante à l’agenda cinéphile.

In the Attic : l’école de stop motion tchèque ne se résume pas au seul nom de Jan Svankmajer. On en prendra conscience en visionnant ce qui s’annonce comme le grand retour de Jirí Barta, un autre maître du genre, absent du paysage cinématographique depuis vingt ans. Il récidive enfin avec un long métrage où se croisent imaginaire enfantin, allégorie politique et fantaisie débridée. Un des rares films pour petits et grands de la section « Temps ø » [Bande annonce].

Mary and Max : le premier long métrage attendu d’Adam Elliot, réalisateur du court-métrage oscarisé Harvie Krumpet, le confirmera sans nul doute comme l’un des nouveaux chefs de file du stop motion actuel. Univers sombre traversé d’humour noir, direction artistique à couper le souffle, voix de Philip Seymour Hoffman, tout est là pour un grand moment de cinéma. Dans la section « Sélection internationale » [Bande annonce].

Metropia – On entend parler de cette animation très intriguante en provenance de Suède depuis plusieurs mois déjà, alors quel bonheur de la retrouver parmi la sélection du FNC cette année. Une esthétique rappelant l’approche des Têtes à claques se marie avec un univers futuriste glauque absurde très prometteur. Todd Brown en a dit le plus grand bien sur Twitch (voir ici), ce qui ajoute à l’intérêt que l’on peut porter à cette curiosité également programmée aux festivals Fantastic Fest et Sitges. [Section « Temps ø », Bande annonce et teasers].

Musashi – The Dream of the Last Samurai : Toute sélection d’animation digne de ce nom doit comprendre un animé japonais. En voici un qui ne correspond pas vraiment à ce à quoi on s’attend habituellement dans ce registre. Sorte de chronique à mi-chemin entre le documentaire, l’oeuvre pédagogique et la recréation fictionnelle portant sur le légendaire samouraï Miyamoto Musashi, ce film inclassable porte le sceau du grand maître Mamoru Oshii (Ghost in the Shell) à la scénarisation et à la production, et offre une myriade de techniques d’animation différentes. Autant dire qu’on ne voudra pas le manquer. [Section « Temps ø », Bande annonce].

Je crois qu’on peut affirmer qu’on va se régaler.

Jirí Barta

18 août 2009

Des nouvelles de la Cinémathèque québécoise

Intégrale Raymond Depardon à la Cinémathèque québécoise

Intégrale Raymond Depardon à la Cinémathèque québécoise

La Cinémathèque québécoise a annoncé les grandes lignes de sa programmation pour les mois de septembre et d’octobre, et le menu s’annonce alléchant.

Le grand événement de la rentrée sera certainement la rétrospective consacrée à Raymond Depardon, l’un des plus grands documentaristes vivants. La Cinémathèque propose l’intégrale de son oeuvre : 18 longs métrages, dont son plus récent, le magnifique La vie moderne, ainsi qu’une vingtaine de courts métrages. Une exposition de photogrammes, intitulée Désert, un homme sans l’Occident, accompagnera la rétrospective, qui se tiendra du 9 septembre au 3 octobre.

L’autre tête d’affiche automnale sera la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion. L’auteure de An Angel at my Table et de The Piano a également droit à une rétrospective, intitulée Jane Campion, la fascination de l’étrangeté, qui comprendra son plus récent long métrage, Bright Star, présenté au Festival de Cannes. La rétrospective est présentée en collaboration avec le Festival du nouveau cinéma, du 8 au 17 octobre.

D’autres surprises attendent les cinéphiles, notamment un cycle intitulé Tapis rouge au cinéma belge. Voilà qui promet! Des longs et des courts métrages belges, wallons et flamands seront projetés du 28 octobre au 1er novembre. Il me tarde de connaître les titres sélectionnés.

Parmi les autres faits saillants de cette riche et éclectique programmation, soulignons les Nouveaux rendez-vous du samedi avec le cinéma de genre, qui débutent le 19 septembre. Après les très intéressantes rétrospectives consacrées à Johnnie To et au pinku eiga, réalisées en collaboration avec Fantasia, je me réjouis de voir que la Cinémathèque poursuit l’exploration de nouveaux territoires, tout en attestant du dynamisme actuel du cinéma de genre et de l’engouement de plus en plus marqué des cinéphiles envers ce type de cinéma. À inscrire à l’agenda : une projection de Evil Dead est annoncée en séance de minuit, le 31 octobre, afin de célébrer l’Halloween!

Une autre date à retenir est le 20 octobre, date de l’événement nommé An Evening With Don Hertzfeldt. Les fans de DJ XL5 connaissent déjà ce cinéaste d’animation américain iconoclaste et minimaliste, à l’humour insolent et ravageur. Il aura droit à une soirée de courts métrages consacrée à son oeuvre, en collaboration avec le Festival d’animation d’Ottawa et l’ONF. À ne pas manquer.

Les détails de la programmation seront dévoilés à partir du 20 août, sur le site Web de la Cinémathèque et le nouveau dépliant de programmation.

13 août 2009

Vague asiatique déferlante sur Montréal

Filed under: Animation, Cinéma asiatique, Cinéma japonais — Marc-André @ 23:56
Ponyo on a Cliff

Ponyo on a Cliff

Incroyable mais vrai. Pas moins de quatre, oui quatre films asiatiques tiennent l’affiche simultanément à Montréal ce vendredi. Je ne me souviens pas de la dernière fois où l’on a pu assister à pareil déferlement oriental sur les écrans de la métropole, hormis durant les célébrations hautement jouissives de Fantasia, devenu le repaire de choix en la matière.

Après les sorties de Thirst et de Tokyo Sonata la semaine dernière (toujours à l’affiche), voilà qu’on nous offre un doublé nippon de choix : Departures, auréolé de l’Oscar du meilleur film étranger en 2008, présenté à Cinéma du Parc; et Ponyo, la plus récente création du maître incontesté de l’animation japonaise, le grand Hayo Miyazaki.

Il s’agit de deux autres rendez-vous à ne pas manquer pour les amateurs de cinéma asiatique. Souhaitons que cette vague soudaine annonce un courant de fond chez nos distributeurs locaux. Avec les sorties de I’m a Cyborg, But That’s OK et de Parking prévues d’ici la fin de l’année du côté d’Evokative, ainsi que celles, en 2010, de l’excellentissime Rough Cut, toujours d’Evokative, et de Breathless et My Dear Enemy, annoncées par le nouveau venu Ciné-Asie, les cinéphiles ont de quoi se réjouir, car le cinéma asiatique semble enfin reprendre la place qu’il mérite sur nos écrans. À nous maintenant d’en profiter et d’encourager ces initiatives!

18 juillet 2009

Fantasia 2009 : Les Lascars

Filed under: Animation, Cinéma français, Fantasia 2009 — Marc-André @ 14:41
Les Lascars

Les Lascars

Et voilà qu’un ajout de dernière minute à la substantielle programmation de Fantasia 2009 se révèle être l’une de ses plus belles surprises. L’animation française Les Lascars a littéralement conquis le public présent à la première internationale du film, donnant un excellent coup d’envoi à la deuxième fin de semaine de cette treizième édition.

N’étant pas très porté sur le médium télé, je dois avouer que j’ignorais l’existence même du concept initial des Lascars, jusqu’à ce que j’entende parler de ce passage au long métrage, ma foi entièrement réussi. À l’origine, il s’agissait de capsules télévisuelles de quelques minutes, diffusées sur Canal Plus, et campées dans la banlieue parisienne, caricaturée de manière truculente, avec sa faune pittoresque et un feu roulant de dialogues imagés sur fond de musique hip hop. Transposé de manière ambititieuse au grand écran, le concept des Lascars forme un univers à part entière, avec des personnages bien développés et typés à la perfection, un feu roulant de situations abracadabrantes et des qualités d’écriture évidentes. C’est à ce niveau que le film impressionne le plus, avec des dialogues argotiques absolument irrésistibles et un scénario inventif, truffé d’action et de revirements, qui maintient un rythme d’enfer du début à la fin.

Les Lascars mise également sur de solides atouts techniques : un dessin imaginatif, aux traits urbains riches et distinctifs, une excellente trame sonore en parfaite symbiose avec l’animation et d’impeccables performance vocales, notamment celle de Vincent Cassel, irrésistible dans le rôle de Tony Merguez.

À tous les niveaux, Les Lascars déménage, surprend, conquiert et ravit. Amateurs d’animation, prenez note. Vivement une distribution en sol québécois.

3 juillet 2009

L’animation française Les Lascars ajoutée à la programmation de Fantasia 2009

Filed under: Animation, Cinéma français, Fantasia 2009 — Marc-André @ 21:12
Les Lascars

Les Lascars

Le jour même de la mise en vente de son splendide Programme officiel pour la cuvée 2009, Fantasia annonce un ajout de dernière minute à sa programmation, et non des moindres.

L’animation française Les Lascars, présentée à Cannes et sortie en salles en France il y a quelques semaines à peine, se fraie un chemin parmi les 115 longs métrages qui figurent au menu cette année.

On sera curieux de voir où se situent les Français en matière d’animation, d’autant plus que celle-ci lorgne du côté de la comédie sociale campée en pleine cité rythmée aux sons du hip hop. L’accueil critique, dans l’ensemble fort positif, laisse promettre un sacré bon moment, et Vincent Cassel prête sa voix à l’un des personnages principaux.

À vos agendas : une seule projection, le vendredi 17 juillet, à 19 heures, au Théâtre Hall, notre nouveau lieu de résidence au cours des prochaines semaines. (Voir le site officiel, avec bande annonce)

13 juillet 2008

Fantasia 2008, jour 11 : Always – Sunset on Third Street 2, A Colt is My Passport, Be A Man! Samurai School, From Inside

Filed under: Animation, Cinéma américain, Cinéma japonais, Fantasia 2008 — Marc-André @ 15:59

Carnets Fantasia 2008 : dimanche 13 juillet

À peine remis du paroxysme cataclysmique de la projection de Tokyo Gore Police la veille, après un semblant de nuit de sommeil et un repas approximatif, me voilà de nouveau dans une salle sombre, et c’est reparti de plus belle avec trois autres films japonais. Banzai!

Always: Sunset on Third Street 2 (Takashi Yamazaki, Japon, 2007)

Always: Sunset on Third Street 2 (Takashi Yamazaki, Japon, 2007)

Commençons par Always: Sunset on Third Street 2, suite du mélodrame nostalgique de catégorie supérieure qui nous avait conquis l’an dernier, en plus de nous faire puiser allègrement dans la boîte à mouchoirs. Cette chronique attachante des habitants d’un quartier tokyoïte populaire des années cinquante se poursuit de plus belle avec ce nouvel épisode qui, passé une savoureuse ouverture en forme d’hommage à Godzilla, reprend là où nous avions été laissés à la fin de l’opus original.

On y retrouve avec bonheur tous nos personnages fétiches : le romancier raté, le mécanicien caractériel (impayable Shin’ichi Tsutsumi), la mère de famille dévouée et une ribambelle d’enfants charmants, ainsi que l’atmosphère naïve, joyeuse et attendrissante qui fait tout le charme de ce divertissement qui ferait fondre un cœur de glace. On pourra remarquer quelques redites du côté des péripéties et des procédés dramatiques qui se déploient tout au long de cette fresque ambitieuse quoique dénuée de prétention, mais on ne pourra nier la qualité de la réalisation, impeccable, la remarquable reconstitution historique, qui vaut à elle seule un visionnement, et la réussite de ce complément un peu long mais d’une remarquable cohérence, qui reprend à la perfection la recette initiale.

A Colt is my Passport (Japon, Takashi Nomura, 1967)

A Colt is my Passport (Japon, Takashi Nomura, 1967)

On enchaîne avec une rareté en noir et blanc qui nous offre un plaisir cinéphile peu commun. Deuxième incursion dans la rétrospective « No Borders No Limits: 1960s Nikkatsu Action Cinema », A Colt is my Passport est daté de 1967, mais ce polar porté par une inoubliable ritournelle western mélancolique n’a pas pris une seule ride. Son style élaboré et sa coolitude authentique nous éblouissent complètement. La veille, on avait apprécié Velvet Hustler pour son caractère atypique et son personnage principal haut en couleur, mais dans le cas de ce film de Takashi Nomura, un illustre inconnu, on peut parler d’une véritable découverte qui, comme un bon vin, a pris du caractère et de la personnalité au fil des ans.

On peut discerner plusieurs emprunts à la culture occidentale dans cette histoire, somme toute classique mais menée à la perfection, d’un tueur à gages qui se réfugie dans un village portuaire avec son complice, où ils sont aidés dans leur fuite par une femme attachée à leur cause : éléments du film noir américain, avec ses anti-héros et son usage brillant des clairs-obscurs; motifs empruntés au western, avec sa musique lancinante et son duel final anthologique; influence de la nouvelle vague, avec ses cadrages inventifs, sa photographie somptueuse et son sens du montage. Tout cela est repris de brillante manière, et on s’étonne d’apprendre que ce joyau n’a jamais trouvé la reconnaissance qu’il mérite.

Plus de quarante ans après sa sortie commerciale, cette rétrospective permet enfin de lui rendre justice, avec une superbe copie 35 mm. On se réjouira d’apprendre que Criterion a acquis les droits de distribution pour une sortie DVD en 2009. Les inconditionnels de Johnnie To et de Quentin Tarantino trouveront dans ce film un véritable trésor que l’on recommande également à tous les amateurs de cinéma japonais. La tenue d’une telle rétrospective trouve tout son sens avec ce seul film, souvent considéré comme le préféré de la sélection, à bien juste titre.

Be a Man! Samurai School (Tak Sakaguchi, Japon, 2008)

Be a Man! Samurai School (Tak Sakaguchi, Japon, 2008)

Passons ensuite à la grande salle, où nous attend Tak Sakaguchi. L’acteur et chorégraphe d’arts martiaux que l’on a découvert avec Versus était présent parmi les invités conviés à la mémorable soirée d’hier, mais cette fois, les projecteurs sont braqués sur lui et les spectateurs, nombreux, attendent avidement une bonne ration de sa cuisine : de l’action débridée teintée d’humour et de dérision. Il vient présenter sa première réalisation : Be a Man! Samurai School, une parodie du machisme nippon qui est campée dans une école utilisant une discipline martiale et des châtiments impitoyables afin d’inculquer les fondements de la virilité et de l’honneur à une collection d’énergumènes soumis à un rude apprentissage, parmi lesquels Sakaguchi se donne évidemment le meilleur rôle.

Sans surprise de la part de celui qui a participé à des projets aussi farfelus et cabotineurs que Battlefield Baseball et Cromartie High School, la comédie occupe une large place au sein de cette production amorcée avec beaucoup de fougue, mais qui s’essouffle un peu en cours de route. On patauge allègrement dans le n’importe quoi, la caricature est souvent grossière et l’ensemble ne brille pas par sa cohérence et par son sens du rythme, mais bon, on est venus se dérider un peu et passer un bon moment sans prétention, et c’est exactement ce à quoi on a droit. L’absurde est au rendez-vous, plusieurs gags font mouche et la mâlitude est malmenée avec malice dans cette satire typiquement japonaise.

From Inside (John Bergin, États-Unis, 2008)

From Inside (John Bergin, États-Unis, 2008)

Le marathon nippon est terminé. Concluons cette copieuse fin de semaine avec rien de moins que l’apocalypse. On savait que From Inside, le film d’animation de John Bergin, nous promettait une splendeur visuelle ayant les couleurs d’un cauchemar de fin du monde. Et dès les premières images de ce conte macabre d’une rare intensité, on est subjugué. Par la beauté des images d’abord. Par la qualité de la narration ensuite, puis par cette musique atmosphérique qui nous transporte au sein de cette œuvre fort originale, située au croisement du film d’animation expérimental et du récit illustré.

Poétique et allégorique, le voyage est raconté par une femme enceinte prenant place à bord d’un train qui traverse un paysage ravagé par la mort et la dévastation. Son exploration d’un monde détruit emprunte une forme libre, à la manière d’un poème ou de la description d’un rêve. Nous suivons son errance, grandiose métaphore du destin de l’humanité, dans un parcours empreint d’un pessimisme accablant. Effectuant un travail artistique éblouissant, John Bergin insuffle une dimension onirique et méditative inspirée, traversée de plusieurs plans qui laissent le souffle coupé.

Dénué d’effets faciles, sombre et exigeant, From Inside se déploie avec une rigueur glaciale et terrifiante qui récompensera une écoute attentive et détachée de tout préjugé face à un film unique et affranchi des conventions du cinéma d’animation conventionnel. Cette œuvre absolument remarquable marque l’arrivée d’un nouveau talent exceptionnel. La sélection du programme « Animated Auteur Visions », d’une richesse éclatante, s’achève en forme d’apothéose artistique. Sans conteste, voici l’un de mes plus grands coups de cœur du festival.

9 juillet 2008

Fantasia 2008, jour 7 : Peur(s) du noir, Idiots and Angels, The Most Beautiful Night in the World

Carnets Fantasia 2008 : 9 juillet

Voilà une semaine que Fantasia bat son plein, et pas l’ombre d’une petite fatigue en vue, malgré les projections qui s’accumulent à une vitesse effarante – plus d’une vingtaine, déjà, pour votre humble serviteur. Et ça ne fait que commencer. La rétine accumule les images chocs, le cerveau s’imprègne d’univers insensés qui valsent et qui s’entremêlent, bref, c’est la joie totale, tout cela en bonne compagnie. Car Fantasia, ce n’est pas seulement une sélection hallucinante de films triés sur le volet, c’est aussi un moment unique à partager entre amis, dans une ambiance festive, conviviale et hautement agréable. Les salles sont pleines, et la cuvée 2008 compte déjà plusieurs moments forts et quelques films mémorables.

Peur(s) du noir (France, 2007)

Peur(s) du noir (France, 2007)

Chaque journée offre son lot de surprises et de riches expériences cinéphiles, mais ce mercredi est tout simplement éblouissant. J’amorce la journée avec l’une des sélections les plus attendues de la série « Animated Auteur Visions » : Peur(s) du noir, une anthologie macabre provenant de l’Hexagone. Et quel délice que cette concoction de fantastique et d’étrange, sans conteste l’une des plus merveilleuses révélations du festival jusqu’à maintenant.

Composée de quatre sketches principaux entrecoupés de deux intermèdes faisant le pont entre les récits, l’un réflexif et intellectuel, l’autre viscéral et morbide, cette oeuvre fascine et éblouit du début à la fin. Les films à sketches sont souvent inégaux, mais Peur(s) du noir évite admirablement cet écueil en soignant l’atmosphère, riche et prenante, et en exploitant à merveille le motif du noir, tant sur le plan visuel que thématique. L’ensemble est absolument admirable au niveau artistique, et trouve un fabuleux appui avec la collaboration des Arthur H, Guillaume Depardieu et Nicole Garcia à la narration. Chacune des six créations vaut le détour, propose un monde singulier et soulève notre admiration sur le plan graphique. Amateurs d’animation et d’histoires fantastiques à la Maupassant et Edgar Allan Poe, prenez note. Coup de coeur.

Idiots and Angels (Bill Plympton, États-Unis, 2008)

Idiots and Angels (Bill Plympton, États-Unis, 2008)

La séance suivante établit une belle continuité et nous comble de nouveau. Bill Plympton est en ville afin de présenter son petit dernier, et ceux qui, comme moi, ont eu la chance de voir I Married a Strange Person, Hair High et plusieurs de ses courts métrages au cours des années à Fantasia, savent que ce brillant dessinateur est une figure incontournable du cinéma d’animation, avec qui il fait toujours bon de renouer.

Cette fois, il nous présente Idiots and Angels, et si l’on reconnaît immédiatement le style inimitable de Bill Plympton, on constate que la rumeur est fondée : on peut parler d’un changement de registre significatif. Sans qu’il y ait rupture avec ses projets antérieurs, le propos est plus sombre, la dimension dramatique accentuée et les résonances sociales plus évidentes. Voilà sans nul doute son projet le plus poétique, qui raconte la transformation d’un salaud dont la vie est bouleversée lorsqu’il découvre que des ailes poussent inexplicablement dans son dos. Ce point de départ surréaliste permet à Plympton de composer un récit fantasque et ludique truffé de résonances symboliques. Ce faisant, il réduit la dimension grotesque de ses oeuvres antérieures – elle est encore là, ne vous en faites pas – pour mieux aborder de nouveaux rivages qui collent à merveille avec son style, qui n’aura jamais apparu aussi personnel. En plus d’être un accomplissement indéniable sur le plan artistique, Idiots and Angels constitue un sommet pour cet animateur hors pair. Souhaitons que ce très beau film lui ouvre la voie d’une plus grande reconnaissance, qu’il mérite grandement.

The Most Beautiful Night in the World (Daisuke Tengan, Japon, 2008)

The Most Beautiful Night in the World (Daisuke Tengan, Japon, 2008)

La barre est haute pour la dernière projection de la journée, après deux films aussi superbes et achevés. Place à un film japonais de 160 minutes : The Most Beautiful Night in the World. Ça risque d’être long? Pas du tout. Son réalisateur est Daisuke Tengan, fils du grand Shohei Imamura, et scénariste de l’inoubliable Audition. Le film promet sur papier – il est question des secrets que cache le village qui compte le plus haut taux de natalité au Japon – mais on ne s’attendait certainement pas à une claque aussi monumentale et jubilatoire.

Sur les traces subversives de son père, ce digne héritier d’Imamura nous propose une fable complètement délirante qui s’achève dans une apothéose sexuelle baroque faisant exulter les spectateurs présents. Le film s’amorce lentement, installe bien l’atmosphère et ses personnages, avant de nous propulser dans une quatrième dimension jouissive où le réalisme magique et un érotisme débridé occupent une place prépondérante.

Avec son propos social éclairé, son humour dévastateur et son savoureux message libertaire, Tengan compose une fresque iconoclaste qui brasse joyeusement le conservatisme nippon, avec une égale dose de provocation bien dosée et de comédie folichonne. Une pépite cinématographique remarquable qui ne ressemble à rien d’autre, sinon aux derniers films de son regretté père, dont il reprend ici le flambeau avec une assurance et un culot impressionnants. Voilà l’un des joyaux cachés de cette douzième édition. Coup de coeur et très forte recommandation, qui achève cette journée en apothéose!

9 juillet 2007

Fantasia 2007 : Aachi and Ssipak

Filed under: Animation, Cinéma sud-coréen, Fantasia 2007 — Marc-André @ 17:32
Aachi and Ssipak (Jo Beom-Jin, Corée du Sud, 2006)

Aachi and Ssipak

Atteignant des sommets de scatologie, de vulgarité et de débilité pleinement assumés, cette animation sud-coréenne en met plein la vue d’entrée de jeu, avec une ouverture ahurissante et anthologique qui laisse le spectateur complètement pantois. Dans un futur non identifié où les excréments humains sont devenus une source d’énergie et de convoitise inégalés – bonjour la mise en situation propice à un déferlement brunâtre qui promet d’être tonitruant – les deux dealers abrutis du titre se trouvent mêlés à une lutte à finir entre un gouvernement tyrannique au pouvoir et un groupe de rebelles mutants délicieusement nommés la diaper gang, ses derniers tentant de mettre la main sur une substantielle quantité de juicybars, dont on vous épargne la liste des ingrédients…

Nul besoin de faire l’analyse sociologique d’un scénario qui ne sert bien évidemment qu’à multiplier les scènes d’action ultraviolentes et les situations comiques scatologiques. Visant systématiquement et avec acharnement en bas de la ceinture, le film plaira essentiellement aux fans de South Park et aux amateurs de sensations fortes et de films d’animation pour adultes. Dans ce créneau, Aachi and Ssipak vaut indéniablement le détour et livre la marchandise deux fois plutôt qu’une. L’animation est techniquement impressionnante et d’une exceptionnelle qualité graphique.

Les cinéphiles apprécieront également les multiples clins d’oeil qui parsèment le récit, de Indiana Jones and the Temple of Doom à Aliens en passant par Blade Runner, et je ne mentionne que les plus évidents. Bien sûr, les fins esprits férus de subtilité raffinée et de scènes contemplatives se précipiteront à des kilomètres de distance de ce divertissement survitaminé, bruyant et prépubère. Les esprits moins chagrins qui savent parfois apprécier les farces de potaches délinquants pourront savourer le comique vulgaire et le déploiement visuel étourdissant de cette animation qui n’est surtout pas destinée à un visionnement familial.

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