Sujet audacieux et difficile pour le premier film de cette cinéaste argentine, et un pari dramatique entièrement réussi. XXY aborde un thème délicat et rarement abordé au cinéma : l’hermaphrodisme. Son personnage principal, magistralement interprété par la toute jeune Inés Efron, est une adolescente de quinze ans aux prises avec les affres de sa différence sexuelle. Mal dans sa peau, déchirée entre le masculin et le féminin, Alex est confrontée à sa marginalité et au difficile passage à la vie adulte. Ses angoisses et ses questionnements seront décuplés par la visite intéressée d’un couple d’amis de ses parents et de leur jeune fils. Un lien sexuel trouble s’établit entre les deux adolescents, et un enchaînement de situations forcera Alex, ainsi que ses parents, à faire face aux enjeux créés par sa condition physique particulière.
Partie de ce sujet brûlant et propice à tous les excès de pathos et de sensationnalisme entourant ce phénomène biologique inusité, la cinéaste Lucia Puenzo choisit plutôt la voie d’un drame psychologique tout en pudeur et en finesse, mais qui aborde sans détour la douleur, les peurs et l’indécision de son personnage principal, ainsi que le désarroi de son entourage. Son portrait est extrêmement touchant et d’une grande justesse émotive. La cinéaste a le courage d’incorporer des scènes dures et difficiles, qui laissent une place importante aux mouvements du désir et aux zones d’ombre provoquées par la condition insupportable d’Alex.
La mise en scène est stylisée et raffinée, mais sans excès, laissant toute la place au jeu impeccable des acteurs, en particulier Ricardo Darin (The Aura), excellent comme toujours dans le rôle du père, et Inés Efron, véritable révélation, dont la composition androgyne, tourmentée, sensuelle et bouillonnante est rien de moins que fantastique. Seule la musique, quelque peu mièvre pour un sujet aussi grave, fait tache dans cette première oeuvre extrêmement sensible et juste, qui représentera l’Argentine dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger. Une très belle découverte et une autre confirmation de la force du cinéma argentin.