Travelling Avant

25 juillet 2009

Fantasia 2009 : My Dear Enemy

Filed under: Cinéma sud-coréen, Fantasia 2009 — Marc-André @ 16:55
My Dear Enemy

My Dear Enemy

Depuis le début du festival, j’ai choisi de vous parler des oeuvres qui m’ont laissé les meilleures impressions. Mais évidemment, les films ne suscitent pas tous mon adhésion absolue, loin de là, et ce, même si la programmation est d’une solidité et d’une diversité à toute épreuve. En voici un qui, malgré d’évidentes qualités, m’a laissé une impression mi-figue, mi-raisin, mais qui continue de me trotter en tête, ce qui constitue toujours un très bon signe.

My Dear Enemy s’amorce sur un superbe plan-séquence au bout duquel se trouve Hee-su, une femme à la recherche de son ex. Il lui doit de l’argent et elle n’a pas de nouvelles de lui depuis un an. Furieuse, elle le somme de lui remettre le montant sur-le-champ. Mais Byung-woon, un séducteur invétéré, n’a pas les moyens de la rembourser. Ensemble, ils vont parcourir Séoul, alors qu’il cherche à recueillir de l’argent auprès de ses multiples conquêtes féminines, suscitant l’exaspération profonde de la dame, qui accepte pourtant de le suivre dans cette drôle de thérapie post-relationnelle.

Deux tempéraments opposés (lui, verbomoteur et insouciant; elle, taciturne et mystérieuse) forment ainsi une équipée dépareillée, multipliant les rencontres incongrues, le temps d’une journée transformée en errance urbaine où ils vont s’observer et se découvrir sous un nouveau jour.

Unité de temps, multiplicité des lieux, une esthétique travaillée et une maîtrise parfaite du non-dit et de la retenue : manifestement, le cinéaste sud-coréen Lee Yoon-ki possède une sacrée dose de talent, qu’il met à profit avec intelligence en refusant les stéréotypes et les effets attendus dans ce type de comédie romantique, savamment détournée vers une étude de moeurs qui contourne tous les clichés habituels.

De fait, My Dear Enemy mise sur de nombreux atouts : une remarquable direction photo offrant de nombreux plans que l’on regarde avec admiration, une mise en scène raffinée, une approche fine et subtile des relations hommes-femmes et une impeccable direction d’acteurs. Je me surprends pourtant à être resté extérieur et même à avoir éprouvé un certain ennui devant ce film aux contours si lisses qu’on n’y retrouve aucune aspérité. Peut-être est-ce la faute d’un scénario qui, à force de refuser les facilités, se confine à un minimalisme excessif. Dommage aussi que le personnage féminin, incarné par la toujours excellente actrice Jeon Do-yeon, laisse place à peu de développement, contrairement à celui de son pendant masculin, interprété de manière savoureuse par Ha Jeung-woo, qui a droit à un rôle mieux étoffé, plus complexe.

En dépit de ces réserves, je salue le fait qu’un film tel que My Dear Enemy soit présenté à Fantasia, car il offre un excellent contrepoids au déluge sensations fortes que l’on associe au festival. Une projection dans la petite salle lui aurait sans doute mieux convenu. Cet oeuvre trouvera certainement un public, en particulier du côté de celles et de ceux qui apprécient des oeuvres lentes, laconiques et dépouillées à la façon de Lost in Translation. Soulignons d’ailleurs que le film a été acquis pour distribution nord-américaine par Ciné-Asie, une nouvelle compagnie que l’on suivra de très près au cours des prochains mois (voir leur site Web).

En reprise le lundi 27 juillet, à 21 h 30, salle J. A. de Sève (détails).

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